Musique, doit-on protéger le copyright ?
Copieur ou créateur ?
La frontière entre créativité, inspiration et copie est mince et cela engendre des conflits pas toujours justifiés, en particulier dans l’univers musical. Même si la notion de copyright est légitime, ne doit-on pas la repenser ?
Pharrell Williams fut au centre de la polémique de « Blurred Lines », une chanson qu’il a produite et a co-écrite avec Robin Thicke et T.I. En mars 2015, un jury les a accusé d’avoir plagié le tube de 1977 de Marvin Gaye, « Got To Give It Up », et ils ont dû reverser environ 10 millions de dollars aux enfants de l’auteur.
Le sujet de copyright est intéressant et difficile. Bien que le copyright fasse gagner de l’argent, et dans certains domaines, il ne favorise pas le progrès. Ainsi, certains médicaments qui sont des copyrights ne sont pas développés comme ils devraient en raison de droits commerciaux exclusifs d’exploitation.
Il y a des cas similaires dans le monde de la musique où le copyright prend une tournure étrange. Dans le livre « The Manual : How to Have a Number One the Easy Way », les auteurs expliquent très bien comment celui-ci a commencé. Les droits de publication en musique marchent principalement pour la mélodie et le chant, qui étaient le domaine des blancs, tandis que le groove était celui des noirs. Prenons ainsi le cas de Bo Diddley, l’inventeur du fameux Diddley Beat, qui pourrait poursuivre en justice des millions de gens pour avoir utilisé son groove. Ecoutez, « I Want Candy » par Bow Wow Wow, et vous constaterez que la chanson entière est basée sur un groove à la « Bo Diddley ».
L’ironie dans tout ça est que pour « Blurred Lines », le jury a reconnu coupable le groove et le ressenti de la chanson, dans un vote qui a été totalement basé sur des émotions, et non sur des faits ou des lois. C’est une approche très négative et les choses devraient être abordées plus souplement.
Bien sûr, vous ne devez pas voler un morceau, mais si vous vous plongez vraiment profondément dans l’histoire de la musique, vous verrez que tout le monde a été influencé par quelque chose qui existe déjà. Il y a seulement douze notes dans notre système tonal Occidental et les combinaisons qui marchent ne sont pas infinies.
La créativité se base avant tout sur des concepts existants. Que ce soit l’invention de l’ampoule (était-ce Edison ou Swan ?) ou d’autres innovations très connues, c’est surtout le résultat du travail commun de centaines de personnes. Marvin Gaye a trouvé l’idée du rythme syncopé en entendant un groupe de personnes parler de Got To Give It Up. Rien d’original, tout est relié.
Pour conclure, cette décision est destructrice pour la créativité et la civilisation dans son ensemble, parce que nous vivons dans un monde où les gens ne peuvent bien travailler et réaliser qu’en collaborant.