Vivre le son spatialisé, un sens pour l’UX
L’expérience utilisateur, le fameux user experience ou UX comme on le dit outre-Atlantique, cette combinaison d’interaction de design, d’usage, de technologie, d’architecture de l’information entre nous, simples utilisateurs (?) et la marque, le lieu, l’objet, l’évènement. Le champ du possible est large.
Je ne sais plus précisément depuis combien de temps est née cette notion, du début des années 2000 en France, peut-être avant, mais peu importe. Très largement répandu dans la communication digitale, l’idée est aujourd’hui martelée de « vivre » une expérience émotionnelle plutôt que de consommer, de vivre une relation plutôt qu’une transaction, notamment pour les marques.
Si l’image est prépondérante, si l’interaction visuelle est fondamentale, si le sens visuel est très largement stimulé, il est pourtant un sens qui peut s’avérer autrement plus puissant pour titiller votre cortex.
Si dans l’UX, il est visé plusieurs objectifs, nul doute que l’émotion en est un des piliers. Et comme le disait Emmanuel Kant, qui plus que le Son pour répondre à ce sentiment, « la musique est la langue de l’émotion ».
En 1974, un compositeur français du nom de François Bayle conçoit ce qu’on appelle la musique acousmatique et sa diffusion par « l’acousmonium ».
Son principe ? L’acousmonium est un instrument polyphonique, un concert d’enceintes portées à des hauteurs différentes et de fréquence allant du suraigu au medium jusqu’à l’infrabasse. On obtient alors un orchestre de haut-parleurs disposé en face, autour et dans le public pour littéralement l’envelopper.
Une œuvre sonore ou musicale est projetée dans l’espace d’un lieu via une console de diffusion, permettant de changer d’une fois sur l’autre pour s’adapter aux œuvres et aux circonstances.
En plaçant ainsi l’auditeur au milieu d’enceintes disposées en cercle, l’effet d’immersion sonore est garanti !
Cette situation d’immersion est une « user experience » comparable au « cinéma aveugle » (par opposition au cinéma muet) et créer… une émotion.
En clair, l’acousmonium permet de proposer au visiteur de vivre l’expérience du son en 3D, spatialisé.
En 2015, ont eu lieu les journées nationales de la musique électroacoustique, opportunités propices à de nombreuses expériences sonores acousmatiques, dont nous avons un exemple ici.
Au Reuz, nous concevons et mettons en place sur le plan créatif et technique des expériences utilisateurs au travers du son 3D et de l’acousmonium à partir d’une problématique émotionnelle à transmettre. Ces expériences immersives ont pu être mises en place notamment au Mémorial de l’internement et de la déportation à Compiègne (oise). Les auditeurs exposés à un son de témoignage intense sur les sons de la vie en internement, sortirent tétanisés.
Quels que soient la marque, le lieu, l’objet (pour ne pas dire le produit), l’évènement, l’important résidera aussi bien dans la composition d’une histoire musicale ou sonore, et scénarisée, que dans sa diffusion, afin de faire ressentir une expérience utilisateur, visiteur ou client, placée sous le signe… de l’émotion.